L’activité minière est affaire de minerais, pas de doute, mais aussi de machines, d’ouvriers, de capitaux, d’espace, de sol et de sous-sol. Elle a aussi partie liée, pour la meilleur et pour le pire, avec l’environnement, et s’insère dans des discours et controverses sur l’appartenance, la citoyenneté et la souveraineté. Mes expériences calédoniennes d’anthropologue happé par cet objet aux facettes multiples m’ont peu à peu conforté dans l’idée que l’interdisciplinarité était la clé pour une bonne compréhension des enjeux miniers. Le dialogue entre scientifique de toutes disciplines nécessaire, productif, mais il a besoin de temps pour se mettre en place. On l’a bien vu en Nouvelle-Calédonie avec la création du CNRT Nickel et son environnement en 2008. Il a fallu attendre une seconde phase de programmation scientifique pour voir apparaître les premiers appels à projet explicitement interdisciplinaires, combinant sciences de la nature et de la société, sur la question des impacts environnementaux (en particulier l’engravement des rivières) et de leur remédiation. Ce n’est qu’un début et il faudra approfondir ce dialogue et ces collaborations. Au-delà de l’interdisciplinarité, le CNRT Nickel et son environnement, en tant qu’agence de financement de la recherche sur le nickel en Nouvelle-Calédonie, financée par les pouvoirs publics, les industriels de la mine et les institutions scientifiques (via le temps de travail des chercheurs), a permis la mise en place d’un dialogue entre ces groupes d’acteurs, ce qui, sans naïveté ni optimisme inconsidéré, à toute de même permis une meilleure compréhension mutuelle. Là encore, le temps est la variable cruciale et, trop souvent, la ressource rare, ou rationnée.